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TROIOU KAER FROMFROMGIRL
1 octobre 2011

Réponse à La Plume qui vole

(réponse à la note sur son blog)

Tu ne seras pas mal vue, en tout cas pas de moi ou des gens de qualité, mais je voudrais quand même entrer dans le débat en mettant par écrit les réflexions dont souvent mon Cornus est le seul à profiter ! Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'on râle beaucoup sur les blogs en ce moment. Mais il me vient à l'idée que si on ne parlait que des choses positives qu'on fait avec les élèves, d'aucun pourrait nous taxer de vantardise... Je n'exagère pas, je crois. J'ai eu longtemps du mal à dire que je fais des choses bien. Une amie m'avait fait remarquer, alors que je parlais d'une de mes réussites, que j'avais besoin de reconnaissance. Sans doute... Je crois surtout que nous sommes dans une société où râler n'est pas mal vu, mais où parler de ses succès confine à de l'orgueil. Je suis très contente d'avoir lu la note de Calyste d'hier soir, où il fait part justement de son plaisir de se voir complimenter.

Sinon, dans le métier de prof, j'ai souvent l'impression que beaucoup pensent que si l'enfant réussit, c'est parce qu'il est intelligent, et s'il rate, c'est que le prof est nul. J'ai entendu cette phrase dite en rigolant, mais je  crois que beaucoup la pensent vraie.

Pour ce qui est des orthophonistes, il y en a évidemment de très bons, mais là aussi, on a tendance à ne parler que des mauvais. L'année dernière, j'ai eu affaire à trois d'entre eux (deux directement et un indirectement), que je ne qualifierais pas de compétents. Ce qui me gêne surtout, c'est le manque de communication entre enseignants et orthophonistes. J'ai plusieurs fois essayé d'entrer en contact avec ceux de certains élèves, mais je n'ai jamais réussi à les rencontrer (à chaque fois parce qu'ils avaient trop de travail...). Je trouve dommage de ne pas réussir à trouver le temps de se voir, alors qu’on travaille avec le même enfant, sans connaître ce que fait l’autre et ce que sont les attentes de l’un ou de l’autre.

 

J’aime énormément mon métier. Je me suis un peu battue pour pouvoir l’exercer de manière pérenne. J’ai été traitée d’idéaliste à la limite de la naïveté par un pion à la retraite (je suis désolée d’employer ce terme que je n’aime pas, mais c’est comme ça qu’il se qualifiait) quand je lui avais dit que je plaçais l’enfant au cœur des apprentissages. Je le pense vraiment, et je voudrais vraiment pouvoir le faire. Hélas, je trouve que par moment, le poids de l’administratif, de la sacro-sainte paperasse de préparation de cours indispensable pour prouver qu’on est un bon enseignant, l’agressivité de certains parents et les conditions de travail avec des collègues parfois chiants court-circuitent cette priorité. J’ai du mal à comprendre comment on peut enseigner sereinement quand on traîne des casseroles parce que :

- on s’est fait engueuler par des parents qui considèrent que vous les avez insulté parce que vous avez osé dire que leur fille ferait bien de se taire et de laisser les copains travailler en classe,

- on passe des heures et des heures à rédiger des conneries de « fiches de prép. » alors qu’on voudrait consacrer ce temps à la conception de matériel utile aux enfants, pour faire plaisir à l’inspecteur, qui de toute façon descendra votre travail dans 9 cas sur 10,

- on se sent visé par les réflexions désagréables d’une collègue qui râle contre celles qui veulent « imposer » des regroupements d’enfants du même niveau-classe à certains moments de la semaine, parce que ça dérange son emploi du temps, qu’elle ne veut pas confier l’enseignement de certaines disciplines à une autre enseignante (moi en l’occurrence, ce qui me fait penser qu’elle me juge incompétente), et que ça oblige une autre enseignante à travailler l’après-midi ( !) alors qu’elle a une classe très difficile le matin (moins d’élèves que dans les autres classes et seule à avoir de l’aide toute la journée)

- de toute façon, les enseignants ne savent pas faire leur boulot, puisqu’ils ne peuvent même pas s’occuper de classes de 35 enfants (c’est une chance d’après un inspecteur, surtout quand il y a plusieurs niveaux…) alors qu’il y a 60 ans les classes comptaient au minimum 50 élèves. On oublie souvent de préciser qu’à cette époque on ne demandait pas aux enseignants d’emmener 80% d’une classe d’âge au bac…

J’en ai donc marre de me retrouver dans de mauvaises conditions devant mes élèves ; parce que je suis parfois au bord des larmes (hyper-sensibilité quand tu nous tiens…) ou que je suis en colère, et que d’une façon ou d’une autre, ils en font un peu les frais.

Pourtant, je vais encore au travail avec plaisir. Ne serait-ce que parce qu’un enfant n’hésite pas à dire « t’es belle », qu’il ne cache pas son plaisir quand il réussit, qu’il peut passer des larmes au sourire, parce que j’ai tout de même l’impression d’être utile à quelque chose.

 

J’espère que je resterai longtemps avec cette envie de travailler avec des enfants. Malheureusement, autour de moi j’entends de plus en plus de collègues qui voudraient changer de métier. Une de mes amies, qui a d’abord été ma directrice, n’en peut plus, craque régulièrement. Je la considère comme une très bonne pédagogue. Mais je l’ai vue progressivement se durcir à cause d’enseignantes débiles qui lui en voulaient d’essayer de changer des situations sclérosées par ces mêmes enseignantes en poste dans la même école depuis plus de 25 ans. Trop gentille, elle a accepté des postes qui lui bouffent de l’énergie, et elle se rend compte qu’elle n’a aucune reconnaissance de la part de la hiérarchie…

 

J’ai un peu peur en voyant tout ça. Si j’en arrivais à la situation d’aller au boulot avec des pieds de plomb, je serais plus qu’embêtée ! Je ne conçois pas qu’on puisse enseigner à contrecœur, les enfants en pâtiraient. Cependant, que faire d’autre ?

Je suis sans doute très matérialiste, mais je me vois mal me retrouver dans une situation que j’ai vécue il y a quelques années, où j’ai mangé de la vache enragée. Me creuser la tête pour savoir comment faire pour payer les factures, le loyer, me demander ce que mes finances me permettraient de manger (une fois par jour), je ne veux plus. *

Je veux malgré tout rester optimiste ! J’aime mon métier. Et même si les adultes me mettent parfois des bâtons dans les roues, à quelque niveau que ce soit, les enfants continuent à m’apporter la dose de fraîcheur qui m’est nécessaire.

 

 

*(Merdouille ! j’ai oublié un instant, j’espère qu’il me pardonnera…, que j’ai enfin quelqu’un aux crochets duquel je peux vivre ! Youpi !!!)

 

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Commentaires
A
"Sinon, dans le métier de prof, j'ai souvent l'impression que beaucoup pensent que si l'enfant réussit, c'est parce qu'il est intelligent, et s'il rate, c'est que le prof est nul. J'ai entendu cette phrase dite en rigolant, mais je crois que beaucoup la pensent vraie."<br /> <br /> Et oui, beaucoup le pensent .J'ai aussi de véridique , en magasin : " Mon enfant est du signe du bélier ou du lion, , il doit réussir " Et moi , je n'étais plus poissons à ce moment-là , je devenais taureau car je voyais rouge .<br /> <br /> Bonne nuit
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C
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