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TROIOU KAER FROMFROMGIRL
18 septembre 2007

De quelque dégoût légumier

Tout d’abord, je voudrais adresser mille mercis à ceux qui ont : sollicité, proposé, concrétisé, encouragé, finalisé le record dûment enregistré qui me consacre impératrice. Je verrai si je sortirai le prince… Il faut vraiment qu’il soit gentil ! Mention extra-spéciale à LULU pour son travail extraordinaire. Je ne manquerai pas de la citer lorsque mes gentils élèves (tiens, j’ai failli en assassiner deux aujourd’hui…) apprendront une des œuvres qu’elle m’a fait connaître. Mention super-spéciale à mon CORNUS à môâ pour sa persévérance commentatoire. Mention hyper-spéciale à Kleger pour avoir été l’initiatrice du record. Mention vachement-spéciale à Karagar qui va enfin pouvoir fournir de la lecture au prince Cornus. Mention très-spéciale à Ar valafenn pour sa contribution polyglotte et ses raccourcis percutants. Enfin mention spécialement spéciale à Armogn pour sa participation à hauteur d’1/531e,( « Et une petite macédoine en boîte avec des grenouilles dedans (ou des souris) ? ») qui a ouvert la porte à des souvenirs que je m’en vais vous narrer ici (ce qui me permettra de contenter quelques personnes de ma connaissance).

Ainsi donc, il y a biiiiiiiiiiiiip années, alors que je devais gagner mon pain à la sueur de mon front (dans la Bible c’est Adam, pas Eve qui doit le faire… y a plus de tradition…) pour subvenir partiellement au frais d’études supérieures, je me trouvais embauchée grâce à mes compétences extraordinaires en tant qu’ouvrière non-spécialisée à la chaîne d’une usine de conserves de légumes. La réputation du lieu ne m’avait pas échappée, la conserverie étant universellement connue dans un rayon de quelques kilomètres pour la fréquence des décès d’ouvriers sur leur lieu de travail (il y avait une moyenne d’un à deux morts par an).

Ma première journée de travail commença par l’octroi d’une seule et unique blouse de travail que je devais maintenir propre d’un jour sur l’autre –très facile quand on doit faire la lessive à minuit et qu’on ne peut rien faire sécher par manque de soleil- et d’une innommable charlotte qui sied à ravir à toutes les formes de visage.

Ceci étant fait, nous eûmes le droit à une formation sur le poste de travail d’environ 0 min… J’ai vraiment appris à trier sur le tas, en essayant de voir ce que les autres faisaient. Ah ! je ne vous ai pas dit que ma tâche consistait à « nettoyer » des haricots verts de tout ce que les gens ne voudraient pas trouver dans leur assiette. Voici la liste non exhaustive de ce que l’on a pu trouver : bouchons d’oreilles anti-bruit, boulons, morceaux de métal, cailloux divers et variés, souris (entières ou en plusieurs parties) et surtout crapauds…

Ces crapauds, vivants quand nous les ramassions, nous valaient une prime de 5 francs la bestiole récupérée. C’est le seul moyen qu’avait trouvé la direction pour inciter les ouvrières à les retirer. Les gants n’étant pas fournis par la boîte, j’ai eu quelque mal à saisir à mains nues le premier que j’ai vu. Pour vous décrire certaine bestiole, ma sœur, qui avait été embauchée en même temps que moi, a été la seule sur sa chaîne à oser se saisir d’un spécimen qui n’entrait pas dans une boîte de conserve de 5 kg (style collectivités). Pour sa prouesse, elle eut le droit à une double prime.

Il faut savoir que tout ce qui n’était pas retiré à l’endroit où je travaillais s’en allait directement dans les cuves d’étuvage puis dans les boîtes de conserve. Le problème, c’est que le système des chaînes avait parfois des ennuis. Lorsque le dernier tapis s’arrêtait pour des raisons x ou y, les premiers continuaient de tourner et d’être chargés en marchandises. La couche de haricots qui devait être de 2 à 3 cm d’épaisseur afin de permettre le tri se transformait en monticule de plusieurs dizaines de centimètres parfois. Je vous laisse imaginer la facilité du travail. Lorsque le tapis roulant débordait, ce qui était une constante dans ces cas, un ouvrier arrivait avec sa pelle, piétinait allègrement les haricots tombés à terre et remettait joyeusement le tout sur le tapis… Je sais bien que c’était stérilisé après, mais quand même ! En tout début de chaîne, c’était au tracto-pelle que les haricots étaient chargés.

Pour rajouter une couche au tableau des conditions de travail, nous devions manger notre casse-croûte tout en continuant à travailler. La direction s’était arrangée pour que la pause-repas soit supprimée en échange de la fourniture dudit repas aux ouvriers. Festin qui se constituait invariablement d’un sandwich au pâté, d’un autre au camembert, d’un fruit et d’une viennoiserie, sans oublier une cannette de soda. Essayez d’imaginer ce que j’ai pu ressentir quand, tenant un sandwich d’une main et me saisissant d’un crapaud de l’autre, j’ai failli mordre du mauvais côté…

Vous comprendrez alors que je ne mange plus de haricots en boîte… Je n’accepte que les pots de verre et les haricots rangés !

Nous travaillions en deux huit. Le premier commençait à 5 h du matin et se terminait à 13h, le deuxième commençait à 13 h et se terminait… quand il n’y avait plus de haricots. Je me suis vue plusieurs fois terminer à une heure du matin, sans avoir pris plus de 5 min de pause d’affilée. J’ai ainsi travaillé 65 h la première semaine (samedi compris).

J’ai eu l’obligation quelques années plus tard de travailler là-bas à nouveau, pour rembourser cette fois un prêt étudiant arrivé à échéance. Je me suis retrouvée au conditionnement des boîtes de conserve sur palette. Il y avait deux types de machines ; une que l’on confiait aux saisonniers, l’autre où lesdits saisonniers devaient travailler sous le contrôle d’un « permanent ». Cette machine a été ma hantise car elle était d’un maniement très spécial. Si on relâchait trop vite un bouton, les boîtes se retrouvaient 3 mètres plus bas, si on restait appuyer trop longtemps, les boîtes se retrouvaient coincées et cabossées par le retour d’une plaque métallique amovible… Qu’est-ce que j’ai pu me faire enguirlander par la titulaire !!! Par contre, lorsqu’elle s’accordait des pauses café-papotage de 20 min avec ses copines, je ne faisais plus d’âneries ! Comme c’est bizarre. Tout aussi bizarres les remarques acerbes qui suivaient les pauses des saisonniers qui duraient trop longtemps à son goût. Il faut dire que nous prenions environ 5 min pour aller à l’autre bout de l’usine pour soulager –à défaut de nos consciences- nos besoins naturels et en revenir. Aaaaaaaah quelle amabilité…

Mon aventure en ces lieux s’est terminée après que je me fut prise les pieds dans un rail qui se trouvait au sol et que je me fut réceptionnée sur le mur d’en face pouce, droit en avant… Après le passage du médecin qui m’avait prescrit des radios aux urgences de l’hôpital le plus proche et un arrêt de travail de 15 jours pour commencer, le responsable du service est venu me voir, me demandant d’aller voir plutôt tel radiologue de sa connaissance et surtout de ne pas déclarer mon accident de travail. De plus, il m’a demandé de ne prendre qu’une semaine de repos –payée intégralement par l’usine- et de revenir travailler la semaine suivante. Le radiologue n’a rien détecté, j’ai eu un simple bandage, je suis retournée travailler au bout de huit jours. J’ai travaillé huit jours au tri, ne pouvant pas me servir de ma main droite, avant que le chef de ce service ne se rende compte de ma situation (très observateur, le gars !) et que j’ose avouer que j’avais toujours mal. D’où autres radios, à l’hôpital, découverte d’une fracture, plâtre et arrêt de travail d’un mois. A l’issue de ce mois, je n’ai pas été réengagée, j’ai dû attendre un an avant que mon dossier soit complet et que je puisse percevoir mes indemnités…

Mes aventures usinières ont continué dans un autre lieu, où le travail était aussi physique mais où l’ambiance était bien meilleure… Mais ceci est une autre histoire !

Je voudrais dire aux ouvriers d’usine qui liraient ce blog (et même à ceux qui ne le liront pas !), combien je trouve que la difficulté de leur travail n’est pas reconnue, et que je leur souhaite du courage pour continuer à travailler dans de telles conditions. Dieu me préserve de travailler encore un jour en usine…

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Commentaires
F
Mais dites donc, ça met du temps à agir le bloga déchocolatensis... ah ? c'est pas ça ?
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C
Bon, Karagar, il faut que je ne tarde pas trop à me rendre dans la baie, car j'ai bien trouvé Bloga decongestionensis, qui plus est la sous-espèce fluviatilis, celle qui permet d'écrire des romans fleuves. <br /> <br /> Mais PAN-Ar wrac'h-OMIX, tu as voulu m'empoisonner avec du Bordeaux ? Tu veux savoir, les prestataires du 3 ont aussi juré ma perte. Enfin, je me vengerai plus tard...
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A
Double dose pour fromfrom !<br /> Allez, ne lésinons pas, toute la fiole, et cul sec, mar plij !!!<br /> <br /> Noooooooooooooon, Cornus !!! t'as pas le droit ! T'es tombé dans le chaudron ! (Tu sais que je rajoute toujours 20 gouttes de bordeaux à la décoction ?)HIHIHI...
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K
Maître Cornus se releva, la grimace de douleur due à une position courbée prolongée fit rapidement place à un immense sourire de satisfaction. Il n’avait prélevé, précautionneusement, que les quelques feuilles nécessaires. La plante était rarissime sur les berges de la rivière Lune. Il avait enfin trouvé la rareté que lui avait commandé Dame Kleger depuis des lustres : un spécimen de bloga decongestionensis. Une décoction de quelques feuilles seulement activait la circulation dans les phalanges, assouplissait le poignet, accroissait la coordination des deux mains et surtout, libérait dans le cerveau, des endorphines propices à la création littéraire. Maître Cornus irait de ce pas au bord de la baie. Dame Kleger, ayant récemment perdu son atelier de sorcellerie, trouverait bien quelque conserverie abandonnée pour le reconstituer en douce (elle avait ramené alambic et autres bizarreries dans ses cartons). Bientôt la substance laisserait échapper ses volutes de fumée irisée. Maître Cornus en ramènerait quelques fioles dans le septentrion. Dame Fromfrom était sauvée.
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K
Chère From > Si je ne m'abuse tu ne déménages pas, toi ? Alors, le motif de cette note qui ne vient pas ?
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TROIOU KAER FROMFROMGIRL
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