Péripéties rentréesques
Etant donné que j’ai eu le concours, YOUPI YOUPI YEEEEEEEEEEEEEE, j’ai reçu mon affectation vers le 14 juillet : mon stage filé (traduction : stage effectué à raison d’une journée par semaine tout au long de l’année, dans la même classe) allait se dérouler à Esque*lbecq. La directrice que j’allais voir une semaine avant la pré-rentrée pour ce que je pensais être une simple prise de contact, m’a tenu la grappe pendant plus de 4 heures. Je suis repartie avec la liste des CM1-CM2, au nombre de 15, mon emploi du temps, qui me convenait, étant donné que j’avais à assurer les arts visuels, mais qui ne comportait de séance, ni de maths, ni de français…
C’est munie d’une liste de livres à acheter que je me rendais à Li*lle le jeudi pour suivre la journée de présentation de l’année de formation. La responsable des professeurs stagiaires nous expliquait alors en long et en large les contenus de formation, de stage, nous donnait tous les papiers administratifs concernant nos possibles futures absences, et récupérait entre autres nos participations de 580€ au titre de la scolarité. Etant des candidats qui n’avaient pas suivi la formation de 1ère année, j’étais invitée avec 16 de mes collègues à rester une demi-heure de plus pour recevoir les données concernant le fonctionnement de l’Institut de Formation. A la fin de la matinée, alors que j’attendais pour poser une question à propos de l’emploi du temps de mon stage filé, sans maths ni français, je voyais défiler devant moi des stagiaires provenant de la liste complémentaire qui ne connaissaient pas encore leur affectation. L’une d’entre elles s’est vu annoncer qu’elle irait à Esqu*lbecq. Fidèle à ma réputation de rapidité d’esprit (si, si !) je bondis et demande s’il est possible d’être à 2 stagiaires dans la même école. La responsable marque un temps d’arrêt, me demande mon nom et consulte sa liste. Il lui apparaît alors que j’ai été externée (j’ai pas dit internée, hein ! non mais !), c’est à dire qu’en raison de la vacance de postes de titulaires, de mon rang au concours et du fait que j’ai fait au moins un an de suppléances (j’en suis à 7), je suis placée sur un poste à l’année. Ce qui signifie que je ne pourrai pas suivre la formation telle qu’elle est prévue.
Chouette ?
J’avoue que ça ne me déplait pas de ne pas avoir à rester sur une chaise écouter des formateurs qui, la jolie feuille qui nous avait été remise avec l’affectation nous le précise, « chercheront à développer en vous l’aptitude au questionnement, plus que la capacité à appliquer des certitudes et des recettes » parce que « la théorie est un modèle d’intelligibilité, de description et d’explication du réel, et non un tissu de prescriptions » (dixit Philippe PERRE*NOUD). Mais en même temps, j’apprends que nous avons à fournir le même mémoire que les stagiaires qui suivront la formation, qui auront du temps pour le préparer, alors que nous aurons notre formation condensée en 2 fois 3 semaines.
J’apprends dans la foulée que je suis nommée à Merv*ille, en classe de maternelle. Sachant que la rentrée aura lieu 5 jours plus tard, que la directrice de l’école n’est pas joignable ce jeudi pour cause de méga-réunion des directeurs, je suis obligée d’attendre le vendredi (J-4) pour appeler l’école afin d’avoir tous les renseignements nécessaires. Ce que je m’empresse de faire à la 1ère heure. C’est la secrétaire qui répond, m’informe qu’il n’y a personne dans l’école – à part elle- pour cause de braderie… Heureusement pour moi, elle me dit tout ce que j’ai à savoir : je travaillerai en Petite et Moyenne Sections, dans une classe de 29 élèves…
Afin de connaître un peu les lieux, je décide de braver les bradeux et de me rendre tout de même à l’école. Les indications données par la secrétaire ne me servent pas à grand chose, et grâce à mon formidable sens de l’orientation, je tourne pendant ¾ h avant de trouver l’école. Les bradeux sont tellement nombreux qu’ils ont masqué la grille de couleur qui devait me servir de repère avec des drouilles en tout genre, et bloquent l’accès à la porte d’entrée par l’accumulation d’objets hétéroclites. J’arrive enfin au secrétariat où on me remet toutes les clés nécessaires à ma mission et on me conduit jusqu’à ma classe Je découvre que tout est en désordre, les tables sont entassées, toutes les étagères recouvertes de papier blanc (je me rends compte rapidement que c’est pour tout protéger de la poussière). Je me lance courageusement à l’assaut des placards et je découvre un amoncellement de photocopies en tous genres, une accumulation de boîtes à archives remplies d’autres photocopies, des montagnes de papier de couleur, mais pas une seule feuille toute blanche. Devant l’ampleur de la tâche, je remets à lundi, jour de la pré-rentrée, le rangement de la classe. De toute façon, les tables sont trop lourdes pour moi toute seule, et il est plus que temps que je rentre pour accueillir joli-papa et belle-maman qui débarquent le jour-même pour quelques menus ( !!!!! àvous saurez pourquoi une autre fois) travaux.
Je retourne donc à l’école le lundi 1er septembre, journée qui s’annonce bien car elle commence par un petit-déjeuner. S’ensuit une réunion pour préciser les points importants pour l’année scolaire et pour établir la répartition casse-têtesque des interventions d’intervenants extérieurs qui interviennent en informatique (à partir de la Moyenne Section), en musique (à partir de la Petite Section), en anglais (5 intervenants à partir du CE1), ainsi que l’attribution de créneaux pour la salle de sports… AÏE ! La réunion, comme toute réunion qui se respecte se termine avec un bon retard. La directrice nous annonce qu’ayant encore le contenu du calendrier des futures réunions à nous dévoiler, nous nous retrouverons après le repas (plus apéritif, offerts par l’école) mais que nous serions tous à l’heure pour accueillir les parents dans nos classes à 15h30, comme convenu. COMME CONVENU ? Nooooooooooooooooooooon ! Moi, je ne le savais pas ! et la secrétaire se retrouve toute piteuse d’avoir oublié de m’en informer… Or, je vous rappelle que dans ma classe c’est le b…ésordre ! Il me reste 3 heures pour manger (et je ne peux pas faire accélérer le mouvement), pour finir la réunion du matin (et je ne peux pas ne pas écouter la directrice nous faire la liste des 114 heures de réunion que nous aurons cette année, donc 51 rien qu’au 1er trimestre) et RANGER !!! Je vois avec angoisse l’heure tourner, je me fais repérer par la directrice à cause de l’air catastrophé que j’affiche en remplissant mon calendrier, et vers 15h, je fonce vers ma classe pour un rangement express pour lequel je suis secondée par une escouade d’aides-maternelles pour le moins efficaces. A l’heure fatidique, j’aperçois les premiers parents qui paraît-il se sont déplacés plus nombreux qu’à l’habitude pour voir la nouvelle. Deux mamans passent d’ailleurs en disant qu’elles n’ont pas d’enfants dans ma classe mais qu’elles veulent juste voir la tête que j’ai.
Jour de la rentrée : il s’est plutôt pas mal passé, seulement 4 enfants en pleurs. Seul hic, alors que j’ai laissé les enfants jouer librement dans la classe pour leur laisser le loisir de la découvrir, j’entends un cri perçant. Je me retourne vers l’endroit d’où il vient, et je découvre M. en train de jouer avec un puzzle. Je me tourne vers lui et lui fais « chut ». 5 minutes après, re-belote. Je m’approche de lui et veux lui parler pour lui demander pourquoi il crie. Je découvre alors réellement M.
C’est un enfant de 4 ans, retiré à ses parents, placé avec ses frères et comme plusieurs enfants de l’école dans une maison pour enfants. Seulement, M. souffre de graves problèmes psychologiques qui ont motivé sa présence la moitié de la journée en hôpital pédo-psychiatrique de jour. Je me pose beaucoup de questions sur la manière d’ « apprivoiser » cet enfant qui en 3 ½ journées n’a pas accepté de faire une seule activité en commun, a jeté par terre tout ce qui ne lui plaisait pas (puzzle faits par les autres, crayons, étiquettes…), a couru sur les tables ou m’a fait lui courir après autour des tables quand je lui demandais de ramasser ce qu’il avait jeté, s’est déshabillé plusieurs fois en classe et sur la cour, a cassé les lunettes de son frère sur la cour (suite à quoi la personne qui venait le chercher m’a dit que ce n’était pas trop grave car ça restait en famille…) et l’a ensuite giflé, m’a donné ainsi qu’à l’aide-maternelle de la classe divers coups, m’a traité 2 fois de P.D. et m’a fait un doigt d’honneur. L’année dernière, alors qu’il faisait sa 1ère année de maternelle, il a été exclu de l’école…
Je crois que je préférais mon « ciseleur de protège-cahiers, sculpteur sur table, adepte du lancer d'affaires-des-voisins, expert-bayeur-aux-corneilles, surveillant en chef des mouches en vol, maître ès-réponses à côté de la plaque mention parle-à-tort-et-à-travers » de l’année dernière !!!
Si vous avez des idées pour m'aider, je suis preneuse !!!!!!
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