Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,<br />
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,<br />
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,<br />
Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose ;<br />
<br />
La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,<br />
Embasmant les jardins et les arbres d'odeur ;<br />
Mais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,<br />
Languissante elle meurt, fueille à fueille déclose.<br />
<br />
Ainsi en ta premiere et jeune nouveauté,<br />
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,<br />
La Parque t'a tuee, et cendre tu reposes.<br />
<br />
Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,<br />
Ce vase pleine de laict, ce panier plein de fleurs,<br />
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
Et elle tient également à vous faire partager, chère Fromfrom, qui ne le méritez pas du tout, ses lectures bibliques et néanmoins préférées. Pfuuuiii, Victor et l'autre là peuvent aller se rhabiller !<br />
<br />
<br />
Cantique des cantiques 1<br />
Qu’il me baise des baisers de sa bouche !<br />
Car ton amour vaut mieux que le vin, <br />
tes parfums ont une odeur suave ;<br />
ton nom est un parfum qui se répand ;<br />
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.<br />
Entraîne-moi après toi !<br />
Nous courrons !<br />
Le roi m’introduit dans ses appartements...<br />
Nous nous égaierons, nous nous réjouirons à cause de toi ;<br />
nous célébrerons ton amour plus que le vin.<br />
C’est avec raison que l’on t’aime.<br />
Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem,<br />
comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon. <br />
Ne prenez pas garde à mon teint noir :<br />
C’est le soleil qui m’a brûlée.<br />
Les fils de ma mère se sont irrités contre moi,<br />
ils m’ont faite gardienne des vignes.<br />
Ma vigne, à moi, je ne l’ai pas gardée.<br />
Dis-moi, ô toi que mon cœur aime,<br />
où tu fais paître tes brebis,<br />
où tu les fais reposer à midi ;<br />
car pourquoi serais-je comme une égarée<br />
près des troupeaux de tes compagnons ?<br />
Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes,<br />
sors sur les traces des brebis,<br />
et fais paître tes chevreaux<br />
près des demeures des bergers.<br />
À ma jument qu’on attelle aux chars de Pharaon<br />
je te compare, ô mon amie. <br />
Tes joues sont belles au milieu des colliers,<br />
ton cou est beau au milieu des rangées de perles. <br />
Nous te ferons des colliers d’or,<br />
avec des points d’argent.<br />
- Tandis que le roi est dans son entourage,<br />
mon nard exhale son parfum. <br />
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe,<br />
qui repose entre mes seins. <br />
Mon bien-aimé est pour moi une grappe de troëne<br />
des vignes d’En-Guédi.<br />
- Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !<br />
Tes yeux sont des colombes.<br />
- Que tu es beau, mon bien-aimé, que tu es aimable !<br />
Notre lit, c’est la verdure.<br />
- Les solives de nos maisons sont des cèdres,<br />
nos lambris sont des cyprès. <br />
Cantique des cantiques 2<br />
- Je suis un narcisse de Saron,<br />
un lis des vallées. <br />
- Comme un lis au milieu des épines,<br />
telle est mon amie parmi les jeunes filles.<br />
- Comme un pommier au milieu des arbres de la forêt,<br />
tel est mon bien-aimé parmi les jeunes hommes.<br />
J’ai désiré m’asseoir à son ombre,<br />
et son fruit est doux à mon palais. <br />
Il m’a fait entrer dans la maison du vin ;<br />
et la bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’amour. <br />
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins,<br />
fortifiez-moi avec des pommes ;<br />
car je suis malade d’amour.<br />
Que sa main gauche soit sous ma tête,<br />
et que sa droite m’embrasse !<br />
- Je vous en conjure, filles de Jérusalem,<br />
par les gazelles et les biches des champs,<br />
ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,<br />
avant qu’elle le veuille.<br />
C’est la voix de mon bien-aimé !<br />
Le voici, il vient,<br />
sautant sur les montagnes,<br />
bondissant sur les collines. <br />
Mon bien-aimé est semblable à la gazelle<br />
ou au faon des biches.<br />
<br />
Le voici, il est derrière notre mur,<br />
il regarde par la fenêtre,<br />
il regarde par le treillis.<br />
Mon bien-aimé parle et me dit :<br />
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! <br />
Car voici, l’hiver est passé ;<br />
la pluie a cessé, elle s’en est allée. <br />
Les fleurs paraissent sur la terre,<br />
le temps de chanter est arrivé,<br />
et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. <br />
Le figuier embaume ses fruits,<br />
et les vignes en fleur exhalent leur parfum.<br />
Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !<br />
Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher,<br />
qui te caches dans les parois escarpées,<br />
fais-moi voir ta figure,<br />
fais-moi entendre ta voix ;<br />
car ta voix est douce, et ta figure est agréable.<br />
Prenez-nous les renards,<br />
les petits renards qui ravagent les vignes ;<br />
car nos vignes sont en fleur.<br />
Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ;<br />
il fait paître son troupeau parmi les lis.<br />
Avant que le jour se rafraîchisse,<br />
et que les ombres fuient,<br />
reviens !... sois semblable, mon bien-aimé,<br />
à la gazelle ou au faon des biches,<br />
sur les montagnes qui nous séparent. <br />
Cantique des cantiques 3<br />
Sur ma couche, pendant les nuits,<br />
j’ai cherché celui que mon cœur aime ;<br />
je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé... <br />
Je me lèverai, et je ferai le tour de la ville,<br />
dans les rues et sur les places ;<br />
je chercherai celui que mon cœur aime...<br />
Je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé.<br />
Les gardes qui font la ronde dans la ville m’ont rencontrée :<br />
Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?<br />
À peine les avais-je passés,<br />
que j’ai trouvé celui que mon cœur aime ;<br />
je l’ai saisi, et je ne l’ai point lâché<br />
jusqu’à ce que je l’aie amené dans la maison de ma mère,<br />
dans la chambre de celle qui m’a conçue.<br />
Je vous en conjure, filles de Jérusalem,<br />
par les gazelles et les biches des champs,<br />
ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,<br />
avant qu’elle le veuille.<br />
Qui est celle qui monte du désert,<br />
comme des colonnes de fumée,<br />
au milieu des vapeurs de myrrhe et d’encens<br />
et de tous les aromates des marchands ?<br />
Voici la litière de Salomon,<br />
et autour d’elle soixante vaillants hommes,<br />
des plus vaillants d’Israël. <br />
Tous sont armés de l’épée,<br />
sont exercés au combat ;<br />
chacun porte l’épée sur sa hanche,<br />
en vue des alarmes nocturnes.<br />
Le roi Salomon s’est fait une litière<br />
de bois du Liban. <br />
Il en a fait les colonnes d’argent,<br />
le dossier d’or,<br />
le siège de pourpre ;<br />
au milieu est une broderie, œuvre d’amour<br />
des filles de Jérusalem.<br />
Sortez, filles de Sion, regardez<br />
le roi Salomon,<br />
avec la couronne dont sa mère l’a couronné<br />
le jour de ses fiançailles,<br />
le jour de la joie de son cœur. <br />
Cantique des cantiques 4<br />
Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !<br />
Tes yeux sont des colombes,<br />
derrière ton voile.<br />
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,<br />
suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. <br />
Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues,<br />
qui remontent de l’abreuvoir ;<br />
toutes portent des jumeaux,<br />
aucune d’elles n’est stérile. <br />
Tes lèvres sont comme un fil cramoisi,<br />
et ta bouche est charmante ;<br />
ta joue est comme une moitié de grenade,<br />
derrière ton voile. <br />
Ton cou est comme la tour de David,<br />
bâtie pour être un arsenal ;<br />
mille boucliers y sont suspendus,<br />
tous les boucliers des héros. <br />
Tes deux seins sont comme deux faons,<br />
comme les jumeaux d’une gazelle,<br />
qui paissent au milieu des lis.<br />
Avant que le jour se rafraîchisse,<br />
et que les ombres fuient,<br />
j’irai à la montagne de la myrrhe<br />
et à la colline de l’encens.<br />
Tu es toute belle, mon amie,<br />
et il n’y a point en toi de défaut.<br />
Viens avec moi du Liban, ma fiancée,<br />
viens avec moi du Liban !<br />
Regarde du sommet de l’Amana,<br />
du sommet du Senir et de l’Hermon,<br />
des tanières des lions,<br />
des montagnes des léopards.<br />
Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée,<br />
tu me ravis le cœur par l’un de tes regards,<br />
par l’un des colliers de ton cou. <br />
Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée !<br />
Comme ton amour vaut mieux que le vin,<br />
et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates ! <br />
Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ;<br />
il y a sous ta langue du miel et du lait,<br />
et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban.<br />
Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée,<br />
une source fermée, une fontaine scellée. <br />
Tes jets forment un jardin, où sont des grenadiers,<br />
avec les fruits les plus excellents,<br />
les troënes avec le nard ; <br />
Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome,<br />
avec tous les arbres qui donnent l’encens ;<br />
la myrrhe et l’aloès,<br />
avec tous les principaux aromates ; <br />
Une fontaine des jardins,<br />
une source d’eaux vives,<br />
des ruisseaux du Liban.<br />
Lève-toi, aquilon ! viens, autan !<br />
Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s’en exhalent !<br />
Que mon bien-aimé entre dans son jardin,<br />
et qu’il mange de ses fruits excellents ! <br />
Cantique des cantiques 5<br />
J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ;<br />
je cueille ma myrrhe avec mes aromates,<br />
je mange mon rayon de miel avec mon miel,<br />
je bois mon vin avec mon lait...<br />
<br />
Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d’amour !<br />
J’étais endormie, mais mon cœur veillait...<br />
C’est la voix de mon bien-aimé, qui frappe :<br />
Ouvre-moi, ma sœur, mon amie,<br />
ma colombe, ma parfaite !<br />
Car ma tête est couverte de rosée,<br />
mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit.<br />
- J’ai ôté ma tunique ; comment la remettrais-je ?<br />
J’ai lavé mes pieds ; comment les salirais-je ? <br />
Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre,<br />
et mes entrailles se sont émues pour lui. <br />
Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé ;<br />
et de mes mains a dégoutté la myrrhe,<br />
de mes doigts, la myrrhe répandue<br />
sur la poignée du verrou.<br />
J’ai ouvert à mon bien-aimé ;<br />
mais mon bien-aimé s’en était allé, il avait disparu.<br />
J’étais hors de moi, quand il me parlait.<br />
Je l’ai cherché, et je ne l’ai point trouvé ;<br />
je l’ai appelé, et il ne m’a point répondu. <br />
Les gardes qui font la ronde dans la ville m’ont rencontrée ;<br />
ils m’ont frappée, ils m’ont blessée ;<br />
ils m’ont enlevé mon voile, les gardes des murs.<br />
Je vous en conjure, filles de Jérusalem,<br />
si vous trouvez mon bien-aimé,<br />
que lui direz-vous ?...<br />
Que je suis malade d’amour.<br />
Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre,<br />
ô la plus belle des femmes ?<br />
Qu’a ton bien-aimé de plus qu’un autre,<br />
pour que tu nous conjures ainsi ?<br />
Mon bien-aimé est blanc et vermeil ;<br />
il se distingue entre dix mille. <br />
Sa tête est de l’or pur ;<br />
ses boucles sont flottantes,<br />
noires comme le corbeau. <br />
Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux,<br />
se baignant dans le lait,<br />
reposant au sein de l’abondance. <br />
Ses joues sont comme un parterre d’aromates,<br />
une couche de plantes odorantes ;<br />
ses lèvres sont des lis,<br />
d’où découle la myrrhe. <br />
Ses mains sont des anneaux d’or,<br />
garnis de chrysolithes ;<br />
son corps est de l’ivoire poli,<br />
couvert de saphirs ; <br />
Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc,<br />
posées sur des bases d’or pur.<br />
Son aspect est comme le Liban,<br />
distingué comme les cèdres. <br />
Son palais n’est que douceur,<br />
et toute sa personne est pleine de charme.<br />
Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami,<br />
filles de Jérusalem ! <br />
Cantique des cantiques 6<br />
Où est allé ton bien-aimé,<br />
ô la plus belle des femmes ?<br />
De quel côté ton bien-aimé s’est-il dirigé ?<br />
Nous le chercherons avec toi.<br />
Mon bien-aimé est descendu à son jardin,<br />
au parterre d’aromates,<br />
pour faire paître son troupeau dans les jardins,<br />
et pour cueillir des lis. <br />
Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi ;<br />
il fait paître son troupeau parmi les lis.<br />
Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa,<br />
agréable comme Jérusalem,<br />
mais terrible comme des troupes sous leurs bannières. <br />
Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent.<br />
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,<br />
suspendues aux flancs de Galaad. <br />
Tes dents sont comme un troupeau de brebis,<br />
qui remontent de l’abreuvoir ;<br />
toutes portent des jumeaux,<br />
aucune d’elles n’est stérile. <br />
Ta joue est comme une moitié de grenade,<br />
derrière ton voile...<br />
Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines,<br />
et des jeunes filles sans nombre. <br />
Une seule est ma colombe, ma parfaite ;<br />
elle est l’unique de sa mère,<br />
la préférée de celle qui lui donna le jour.<br />
Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse ;<br />
les reines et les concubines aussi, et elles la louent. <br />
Qui est celle qui apparaît comme l’aurore,<br />
belle comme la lune, pure comme le soleil,<br />
mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ?<br />
Je suis descendue au jardin des noyers,<br />
pour voir la verdure de la vallée,<br />
pour voir si la vigne pousse,<br />
si les grenadiers fleurissent. <br />
Je ne sais, mais mon désir m’a rendue semblable<br />
aux chars de mon noble peuple. <br />
Cantique des cantiques 7<br />
Reviens, reviens, Sulamithe !<br />
Reviens, reviens, afin que nous te regardions.<br />
Qu’avez-vous à regarder la Sulamithe<br />
comme une danse de deux chœurs ?<br />
Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince !<br />
Les contours de ta hanche sont comme des colliers,<br />
œuvre des mains d’un artiste. <br />
Ton sein est une coupe arrondie,<br />
Où le vin parfumé ne manque pas ;<br />
ton corps est un tas de froment,<br />
entouré de lis. <br />
Tes deux seins sont comme deux faons,<br />
comme les jumeaux d’une gazelle. <br />
Ton cou est comme une tour d’ivoire ;<br />
tes yeux sont comme les étangs de Hesbon,<br />
près de la porte de Bath-Rabbim ;<br />
ton nez est comme la tour du Liban,<br />
qui regarde du côté de Damas. <br />
Ta tête est élevée comme le Carmel,<br />
et les cheveux de ta tête sont comme la pourpre ;<br />
un roi est enchaîné par des boucles !...<br />
Que tu es belle, que tu es agréable,<br />
ô mon amour, au milieu des délices ! <br />
Ta taille ressemble au palmier,<br />
et tes seins à des grappes. <br />
Je me dis : Je monterai sur le palmier,<br />
j’en saisirai les rameaux !<br />
Que tes seins soient comme les grappes de la vigne,<br />
le parfum de ton souffle comme celui des pommes, <br />
et ta bouche comme un vin excellent,...<br />
<br />
Qui coule aisément pour mon bien-aimé,<br />
et glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment ! <br />
Je suis à mon bien-aimé,<br />
et ses désirs se portent vers moi.<br />
Viens, mon bien-aimé, sortons dans les champs,<br />
demeurons dans les villages ! <br />
Dès le matin nous irons aux vignes,<br />
nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s’ouvre,<br />
si les grenadiers fleurissent.<br />
Là je te donnerai mon amour. <br />
Les mandragores répandent leur parfum,<br />
et nous avons à nos portes tous les meilleurs fruits,<br />
nouveaux et anciens :<br />
Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi. <br />
Cantique des cantiques 8<br />
Oh ! que n’es-tu mon frère,<br />
allaité des mamelles de ma mère !<br />
Je te rencontrerais dehors, je t’embrasserais,<br />
et l’on ne me mépriserait pas. <br />
Je veux te conduire, t’amener à la maison de ma mère ;<br />
tu me donneras tes instructions,<br />
et je te ferai boire du vin parfumé,<br />
du moût de mes grenades.<br />
Que sa main gauche soit sous ma tête,<br />
et que sa droite m’embrasse !<br />
Je vous en conjure, filles de Jérusalem,<br />
ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour,<br />
avant qu’elle le veuille.<br />
Qui est celle qui monte du désert,<br />
appuyée sur son bien-aimé ?<br />
<br />
Je t’ai réveillée sous le pommier ;<br />
là ta mère t’a enfantée,<br />
c’est là qu’elle t’a enfantée, qu’elle t’a donné le jour.<br />
Mets-moi comme un sceau sur ton cœur,<br />
comme un sceau sur ton bras ;<br />
car l’amour est fort comme la mort,<br />
la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ;<br />
ses ardeurs sont des ardeurs de feu,<br />
une flamme de l’Éternel. <br />
Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour,<br />
et les fleuves ne le submergeraient pas ;<br />
quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour,<br />
il ne s’attirerait que le mépris.<br />
Nous avons une petite sœur, qui n’a point encore de mamelles ; que ferons-nous de notre sœur, le jour où on la recherchera ? <br />
- Si elle est un mur, nous bâtirons sur elle des créneaux d’argent ; si elle est une porte, nous la fermerons avec une planche de cèdre. <br />
- Je suis un mur, et mes seins sont comme des tours ; j’ai été à ses yeux comme celle qui trouve la paix.<br />
Salomon avait une vigne à Baal-Hamon ; il remit la vigne à des gardiens ; chacun apportait pour son fruit mille sicles d’argent. <br />
Ma vigne, qui est à moi, je la garde. À toi, Salomon, les mille sicles, et deux cents à ceux qui gardent le fruit !<br />
Habitante des jardins ! Des amis prêtent l’oreille à ta voix. Daigne me la faire entendre ! <br />
Fuis, mon bien-aimé !<br />
Sois semblable à la gazelle<br />
ou au faon des biches,<br />
sur les montagnes des aromates !
I<br />
<br />
J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,<br />
Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois,<br />
Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille,<br />
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.<br />
<br />
Que de fois, seul, dans l'ombre à minuit demeuré,<br />
J'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré !<br />
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques<br />
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.<br />
<br />
O montagnes d'azur ! ô pays adoré !<br />
Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,<br />
Cascades qui tombez des neiges entraînées,<br />
Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;<br />
<br />
Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,<br />
Dont le front est de glace et le pied de gazons !<br />
C'est là qu'il faut s'asseoir, c'est là qu'il faut entendre<br />
Les airs lointains d'un Cor mélancolique et tendre.<br />
<br />
Souvent un voyageur, lorsque l'air est sans bruit,<br />
De cette voix d'airain fait retentir la nuit ;<br />
A ses chants cadencés autour de lui se mêle<br />
L'harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.<br />
<br />
Une biche attentive, au lieu de se cacher,<br />
Se suspend immobile au sommet du rocher,<br />
Et la cascade unit, dans une chute immense,<br />
Son éternelle plainte au chant de la romance.<br />
<br />
Ames des Chevaliers, revenez-vous encor?<br />
Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?<br />
Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée<br />
L'ombre du grand Roland n'est donc pas consolée !<br />
<br />
II<br />
<br />
Tous les preux étaient morts, mais aucun n'avait fui.<br />
Il reste seul debout, Olivier prés de lui,<br />
L'Afrique sur les monts l'entoure et tremble encore.<br />
"Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ;<br />
<br />
"Tous tes Pairs sont couchés dans les eaux des torrents."<br />
Il rugit comme un tigre, et dit : "Si je me rends,<br />
"Africain, ce sera lorsque les Pyrénées<br />
"Sur l'onde avec leurs corps rouleront entraînées."<br />
<br />
"Rends-toi donc, répond-il, ou meurs, car les voilà."<br />
Et du plus haut des monts un grand rocher roula.<br />
Il bondit, il roula jusqu'au fond de l'abîme,<br />
Et de ses pins, dans l'onde, il vint briser la cime.<br />
<br />
"Merci, cria Roland, tu m'as fait un chemin."<br />
Et jusqu'au pied des monts le roulant d'une main,<br />
Sur le roc affermi comme un géant s'élance,<br />
Et, prête à fuir, l'armée à ce seul pas balance.<br />
<br />
III<br />
<br />
Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux<br />
Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.<br />
A l'horizon déjà, par leurs eaux signalées,<br />
De Luz et d'Argelès se montraient les vallées.<br />
<br />
L'armée applaudissait. Le luth du troubadour<br />
S'accordait pour chanter les saules de l'Adour ;<br />
Le vin français coulait dans la coupe étrangère ;<br />
Le soldat, en riant, parlait à la bergère.<br />
<br />
Roland gardait les monts ; tous passaient sans effroi.<br />
Assis nonchalamment sur un noir palefroi<br />
Qui marchait revêtu de housses violettes,<br />
Turpin disait, tenant les saintes amulettes :<br />
<br />
"Sire, on voit dans le ciel des nuages de feu ;<br />
"Suspendez votre marche; il ne faut tenter Dieu.<br />
"Par monsieur saint Denis, certes ce sont des âmes<br />
"Qui passent dans les airs sur ces vapeurs de flammes.<br />
<br />
"Deux éclairs ont relui, puis deux autres encor."<br />
Ici l'on entendit le son lointain du Cor.<br />
L'Empereur étonné, se jetant en arrière,<br />
Suspend du destrier la marche aventurière.<br />
<br />
"Entendez-vous ! dit-il. - Oui, ce sont des pasteurs<br />
"Rappelant les troupeaux épars sur les hauteurs,<br />
"Répondit l'archevêque, ou la voix étouffée<br />
"Du nain vert Obéron qui parle avec sa Fée."<br />
<br />
Et l'Empereur poursuit ; mais son front soucieux<br />
Est plus sombre et plus noir que l'orage des cieux.<br />
Il craint la trahison, et, tandis qu'il y songe,<br />
Le Cor éclate et meurt, renaît et se prolonge.<br />
"Malheur ! c'est mon neveu ! malheur! car si Roland<br />
"Appelle à son secours, ce doit être en mourant.<br />
"Arrière, chevaliers, repassons la montagne !<br />
"Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l'Espagne !<br />
<br />
IV<br />
<br />
Sur le plus haut des monts s'arrêtent les chevaux ;<br />
L'écume les blanchit ; sous leurs pieds, Roncevaux<br />
Des feux mourants du jour à peine se colore.<br />
A l'horizon lointain fuit l'étendard du More.<br />
<br />
"Turpin, n'as-tu rien vu dans le fond du torrent ?<br />
"J'y vois deux chevaliers : l'un mort, l'autre expirant<br />
"Tous deux sont écrasés sous une roche noire ;<br />
"Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d'ivoire,<br />
"Son âme en s'exhalant nous appela deux fois."<br />
<br />
Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois !